Essonne – Jeudi 16 novembre 2023 – N°24641
Essonne : Emmanuel, rockeur excentrique et « champion olympique » de guitare
Ce professeur de guitare de Vaugrigneuse, en Essonne, a remporté cet été les Olympiades de la guitare, catégories solo et groupe. Il sera ce vendredi sur la scène du Studio à Limours.
Par Florian Garcia
Le 16 novembre 2023 à 07h15
En août dernier, le guitariste Emmanuel Malépart a reçu deux médailles d’or lors des Olympiades de la guitare qui se déroulaient à Volos, en Grèce. LP/Florian Garcia
Il n’a pas encore reçu sa médaille, mais son diplôme a déjà trouvé sa place sur l’un des murs de son studio de répétition. Depuis cet été, le guitariste c peut ajouter, à 55 ans, une ligne à son CV déjà bien fourni. En août dernier, ce professeur de guitare de Vaugrigneuse (Essonne) a décroché deux médailles d’or aux Olympiades de la guitare qui se sont déroulées à Volos, en Grèce, sous l’égide de l’Unesco. La première est venue récompenser le solo qu’il a écrit et qu’il interprète sur son titre « Wind », tandis que la deuxième consacre son groupe MaNeW. Auréolés de ces reconnaissances olympiques, les trois musiciens seront en concert, ce vendredi soir, à Limours.
Tout a commencé par un message reçu sur Facebook à l’automne 2022. Emmanuel est contacté par l’organisateur français du World Guitar Day, un événement qui, chaque 18 octobre depuis 2021, rassemble des centaines de partenaires issus de 112 pays à travers le monde. « Sur le message, il me disait qu’il était à la recherche de quelqu’un pour représenter le monde du rock lors de cet événement. Je n’y ai pas vraiment prêté attention. »
Mais il est relancé avec un deuxième message un peu plus long. « Nous nous sommes appelés, et j’ai fini par accepter ce partenariat en proposant de mettre en ligne, le 18 octobre, le clip de mon morceau Wind. C’est ensuite qu’il m’a demandé si j’acceptais de représenter la France pour les Olympiades de la guitare qui sont une extension du World Guitar Day. Je lui ai proposé de lui donner les numéros de guitaristes bien meilleurs que moi mais visiblement, c’est moi qu’il voulait. »
Passionné par le hard rock des années 1980
Pour des raisons d’organisation, mais aussi de coûts trop élevés pour un groupe au complet, Emmanuel n’a pas pu défendre son morceau en « live ». C’est donc sur la base de la vidéo du clip « Wind » qu’il a été primé. « Ce n’est que partie remise, promet-il. Nous irons là-bas l’année prochaine. Cette fois, tout est déjà calé ! »
Comme par miracle, le virtuose de la guitare s’est vu proposer de nouveaux projets dès l’annonce de ce double titre de champion olympique. « J’avais à peine publié la nouvelle sur ma page Facebook que j’ai été contacté par l’organisateur de United Guitars, un projet qui rassemble chaque année sur un disque et lors de concerts les guitaristes les plus influents du moment, se réjouit-il. Je vais bientôt les rejoindre. »
Cette nouvelle aventure vient s’ajouter à un planning déjà bien chargé. « J’ai une quarantaine d’élèves », confie ce fan invétéré d’Eddie Van Halen. « J’ai commencé à l’âge de 8 ans mais ça a été une catastrophe, reconnaît-il dans un éclat de rire. Mais la musique a continué de m’attirer, j’avais toujours une chanson dans la tête. »
Blouson en cuir rouge et pantalon léopard
C’est donc à 14 ans, attiré par le hard rock des années 1980, qu’il va renouer avec la passion qui deviendra son métier. « Un jour où j’étais invité à un anniversaire, j’avais prévu d’offrir un vinyle, un disque de Trust que m’avait conseillé une disquaire. Mais la fête a été annulée, alors je l’ai gardé. Après quelques mois d’attente, je l’ai écouté. Quand la guitare saturée du morceau Antisocial est arrivée, j’ai tout de suite su que c’était ça que je voulais faire. »
Emmanuel commence donc en autodidacte avec une guitare acoustique. Puis, « pour avoir le son de Trust », il passe à la guitare électrique. « Je me suis mis à jouer beaucoup, au moins une heure ou deux par jour, détaille-t-il. Et à 16 ans, j’ai donné des cours. C’était génial, en une heure, je gagnais ce que je touchais en une matinée sur les marchés. »
Pour suivre la voie de ses idoles qui se sont frottées à la musique classique, le virtuose suédois Yngwie Malmsteen en tête, Emmanuel entre au conservatoire. Son blouson en cuir rouge et son pantalon léopard tranchent avec le sérieux de ses camarades. Mais lorsqu’il joue, l’excentrique rocker fait des merveilles.
Après un passage obligé par l’armée, le guitariste entame une carrière de dessinateur industriel. « J’étais dessinateur le jour et musicien la nuit, résume-t-il. Je ne dormais pas beaucoup, je me réveillais à quatre heures du matin pour travailler ma guitare. J’ai fait ça pendant quinze ans, puis j’ai fini par lâcher le monde du dessin. »
En concert ce vendredi 17 novembre, à 20h30, à la MJC Le Studio, rue Michel-Berger à Limours. Tarif : 9 euros.